De plus en plus de Français choisissent de vivre en Espagne, que ce soit pour le soleil, le rythme de vie ou les opportunités professionnelles. Et pour certains, l’expatriation coïncide avec un grand événement : la naissance d’un enfant. Mais avoir un enfant en Espagne quand on est français n’est pas tout à fait la même chose qu’en France. Entre les démarches administratives, les spécificités médicales et les différences culturelles, mieux vaut être bien préparé. Voici un guide complet pour les futurs parents expatriés dans les grandes villes espagnoles.
Table des matières
Système de santé : public ou privé ?
En Espagne, le système de santé est réputé pour sa qualité. Il fonctionne selon un modèle public (gratuit pour les résidents affiliés à la Sécurité sociale) et un secteur privé (payant ou couvert par une mutuelle).
Le suivi de grossesse dans le public est assuré principalement par une sage-femme (matrona), avec quelques consultations chez le gynécologue. Trois échographies sont généralement prévues (une par trimestre), et d’autres examens de routine sont pris en charge. Les cours de préparation à l’accouchement sont proposés dans les centres de santé, mais ils sont parfois peu développés par rapport a ceux proposés en France.
Dans le privé, le suivi est plus personnalisé, souvent avec un gynécologue-obstétricien attitré et des échographies à chaque rendez-vous. Cela peut rassurer les futures mamans habituées au système français. Toutefois, ce confort a un coût : sans assurance privée, le suivi et l’accouchement peuvent coûter plusieurs milliers d’euros. Attention, les assurances santé privées en Espagne prévoient des périodes de carence de 8 à 9 mois pour la maternité. Il est donc crucial d’anticiper si vous souhaitez être couvert.e.
En ville (Barcelone, Madrid, Valence…), les deux options sont possibles. À noter que de nombreux hôpitaux privés et certaines cliniques proposent des services en français ou en anglais.
L’accouchement : à quoi s’attendre ?
Dans le public, les accouchements sont gérés par les sages-femmes, avec l’intervention d’un médecin uniquement en cas de complication. La péridurale est proposée dans la majorité des hôpitaux. L’Espagne encourage de plus en plus les accouchements physiologiques et respectueux du rythme naturel.
Le séjour postnatal est généralement court : 24 à 48 heures si tout s’est bien passé, ce qui peut surprendre les Françaises habituées à rester plusieurs jours. Il n’y a pas de visite systématique à domicile après la naissance, contrairement aux sages-femmes libérales ou aux PMI en France. Il est donc conseillé de se tourner vers des structures privées ou des réseaux de soutien pour le suivi post-partum.
Démarches administratives
Voici les étapes principales pour déclarer un enfant en Espagne en tant qu’expatrié français :
- Déclaration de naissance espagnole : elle doit être faite dans les 8 jours au Registro Civil. Certains hôpitaux le font sur place, d’autres demandent aux parents de se déplacer. Si les parents ne sont pas mariés, ils doivent y aller ensemble.
- Inscription à la Sécurité sociale : une fois l’enfant né, il faut l’enregistrer comme bénéficiaire d’un des deux parents à la Seguridad Social, puis demander sa carte de santé (Tarjeta Sanitaria Individual), nécessaire pour les soins médicaux.
- Empadronamiento (registre de résidence) : obligatoire pour prouver la résidence de l’enfant dans la commune. Cette inscription permet aussi d’accéder à certains services (garderies, santé…).
- Déclaration de naissance au consulat de France : elle peut être faite dans les 30 jours suivant la naissance au Consulat général de Madrid. Cela permet d’obtenir un acte de naissance français et de mettre à jour le livret de famille. Passé ce délai, il faudra faire une transcription, plus lente et sans possibilité de modifier les prénoms.
- Demande de passeport ou carte d’identité française : après la déclaration consulaire, un rendez-vous séparé est nécessaire pour obtenir les papiers d’identité français de l’enfant.
- Demande éventuelle de NIE (numéro d’identité étranger) : utile pour certaines démarches (crèches, aides locales…). Il peut être demandé même pour un nouveau-né.
Pour en savoir plus sur la double nationalité franco-espagnole, ses conditions et les démarches à suivre, n’hésitez pas à consulter notre article dédié : Double nationalité franco-espagnole.
Congés maternité et paternité
Depuis 2021, l’Espagne a aligné les congés des deux parents : 16 semaines chacun, dont 6 obligatoires juste après la naissance. Ces congés sont pris en charge par la Sécurité sociale espagnole.
C’est une avancée significative par rapport à la France, où le congé paternité est de 28 jours. En Espagne, les deux parents peuvent donc pleinement profiter des premiers mois avec leur enfant.
Certaines aides financières existent, comme une réduction d’impôt pour les mères travaillant avec un enfant de moins de 3 ans. Les démarches se font auprès de l’administration fiscale (Agencia Tributaria).
Différences culturelles et pratiques
Accoucher et devenir parent en Espagne implique aussi des ajustements culturels :
- Le rôle de la famille : les Espagnols ont une culture familiale très forte. Les grands-parents sont très présents, et les visites à la maternité sont nombreuses. Cela peut être perçu comme chaleureux… ou envahissant, selon les sensibilités.
- Le suivi post-partum : il est moins structuré qu’en France. La rééducation périnéale n’est pas systématique. Il faut souvent la demander soi-même ou se tourner vers des professionnels privés.
- Les crèches : en Espagne, la scolarisation commence à 3 ans, mais les crèches privées ou publiques sont disponibles dès quelques mois. Les horaires sont généralement plus larges qu’en France, mais les places sont parfois limitées.
- Le bilinguisme : dans certaines régions comme la Catalogne ou le Pays basque, les documents médicaux peuvent être en langue régionale. Cela peut parfois être un frein pour comprendre certaines démarches, même si l’espagnol est aussi utilisé.
Ressources pour expatriés
Heureusement, de nombreuses ressources existent pour accompagner les familles françaises expatriées :
- Groupes Facebook : “Parents francophones à Barcelone”, “Mamans de Madrid”, etc. permettent d’échanger des conseils et des bons plans.
- Associations francophones : comme Madrid Accueil ou Valencia Accueil, qui organisent des rencontres entre jeunes parents.
- Médecins francophones : les consulats publient des listes de professionnels de santé parlant français dans chaque grande ville.
- Cliniques internationales : certaines, comme Turó Park Medical à Barcelone ou Quirónsalud à Madrid, proposent un accompagnement en français ou en anglais.
En conclusion
Avoir un enfant en Espagne en tant qu’expatrié français est une expérience riche, parfois déstabilisante, mais globalement très positive. L’Espagne offre un système de santé performant, des congés parentaux généreux et une culture très accueillante envers les enfants.
Avec un peu de préparation, une bonne connaissance des démarches et en s’appuyant sur la communauté francophone, il est tout à fait possible de vivre cette étape sereinement, que ce soit à Madrid, Barcelone, Valence ou ailleurs.
FAQ – Avoir un enfant en Espagne
1. Quelles sont les démarches pour avoir un enfant en Espagne en tant qu’expatrié ?
Pour avoir un enfant en Espagne en tant qu’expatrié, il faut déclarer la naissance au Registro Civil, inscrire l’enfant à la Sécurité sociale et au padrón municipal, puis faire la déclaration de naissance au consulat de France. Ces étapes permettent de garantir la double reconnaissance administrative, espagnole et française.
2. Peut-on accoucher gratuitement en Espagne si l’on est français ?
Oui, si vous êtes affilié(e) à la Sécurité sociale espagnole, l’accouchement dans le système public est entièrement pris en charge. Les soins prénataux, l’accouchement et le suivi postnatal de base sont couverts. Si vous optez pour le privé, il faudra une assurance complémentaire ou payer les frais.
3. Quelles différences entre accoucher en Espagne et en France ?
En Espagne, le suivi est souvent assuré par une sage-femme et le séjour post-accouchement est plus court qu’en France (48 h). La rééducation périnéale et le suivi postnatal ne sont pas systématiques, il faut donc souvent les demander soi-même. L’Espagne privilégie aussi des accouchements plus naturels dans certaines maternités.
4. Quel est le congé maternité ou paternité en Espagne ?
En Espagne, chaque parent a droit à 16 semaines de congé, dont 6 obligatoires juste après la naissance. C’est plus généreux qu’en France, surtout pour le père. Ce congé est payé par la Sécurité sociale et peut être prolongé dans certains cas (naissance multiple ou prématurée).
5. Est-ce possible d’avoir un suivi de grossesse en français en Espagne ?
Oui, surtout dans les grandes villes comme Barcelone, Madrid ou Valence. De nombreux gynécologues, sages-femmes et cliniques privées proposent des consultations en français. Il existe aussi des groupes de soutien francophones et des listes de médecins recommandés via les consulats.
6. Peut-on obtenir la double nationalité pour un enfant né en Espagne ?
Un enfant né en Espagne de parents français est automatiquement français si la naissance est déclarée au consulat. Il peut aussi demander la nationalité espagnole par option après un an de résidence continue en Espagne. Cela permet d’obtenir la double nationalité sous certaines conditions.
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